Paroles d’adhérents : Kafo'saze et LAAVOL témoignent sur le parcours de formation à la méthodologie de projet

Sophie Grieux – Kafo’Saze

Je suis Sophie Grieux, responsable de la commission santé de l’association Kafo’Saze. Kafo'Saze est une association de solidarité internationale qui intervient depuis 2001 en Casamance dans le sud du Sénégal.

La commission santé a été créée en 2013 après une mission exploratoire d'un mois qui a nous permis de constater, avec les établissements scolaires, que ce qui faisait défaut avant tout était la sensibilisation des jeunes.

Hogo Boiro – LAAVOL

Je suis Hogo Boiro, retraité et président de l’association LAAVOL : la Ligue pour assistance aux Villageois de Linkéring (Casamance, Sénégal).

©Occitanie Coopération, formation suivi et évaluation de budget

Sophie Grieux – Kafo’Saze

Nous avons donc développé deux axes :

• Des séances d'éducation à l'hygiène primaire avec les jeunes enfants;
• Des séances de sensibilisation aux grossesses précoces, infections sexuellement transmissibles, anatomie et physiologie de l'appareil reproducteur féminin et masculin, et planification (contraception).

Nous intervenons dans les établissements scolaires de la commune de Kafountine qui comporte 4 gros villages sur la terre ferme et 14 îles dans la mangrove, accessibles uniquement en pirogue. Bien entendu, nous travaillons en étroite collaboration avec les chefs d'établissement, nous avons l'aval de l'inspection académique et planifions nos actions avec nos collègues des centres de santé ainsi qu'avec les autres associations qui interviennent dans la même zone.

• La commission parrainage : L'association, avec la commission parrainage, accompagne les études de 47 élèves, elle leur fournit un trousseau complet à leur admission en 6°, puis des fournitures à chaque rentrée scolaire mais aussi se soucie du déroulement de leurs études, les rencontre régulièrement, les aide dans leurs choix d'orientation scolaire, rencontre les parents, les enseignants et les tuteurs si des difficultés apparaissent. Ces jeunes sont suivis jusqu'à l'obtention d'un diplôme qu'il soit professionnel ou d'un niveau secondaire. Actuellement 6 élèves poursuivent des études supérieures à Dakar, 2 à Bignona à l'université virtuelle.
• La commission parrainage : La commission agroécologique va au mois de mars 2024 participer au grand rassemblement des semences paysannes à Vélingara et faire le point sur les compostières construites dans les villages. Des interventions sont également prévues à la faculté de Ziguinchor. 
• La commission santé : La commission santé se rendra en Casamance au mois de mars également pour soutenir le CFP d'Abéné dans son projet de confection de serviettes hygiéniques lavables. Elle prendra part aux réunions de travail, aidera à la rédaction de documents relatifs aux contrôles qualité, enquêtes, recueil de documents comptables, de suivi, évaluation du projet…  

Ses membres effectueront des séances de sensibilisation auprès des élèves, population, groupements et rencontreront leurs homologues sur le terrain pour échanger et travailler ensemble. Cette mission-là sera centrée sur le projet de confection de serviettes hygiéniques que le CFP met en place.

Hogo Boiro – LAAVOL

L’association, qui intervient dans le village de Linkéring au Sénégal, a pour objet d’apporter de l'aide à ce village situé dans une zone enclavée, éloignée des villes et des centres d’activités, où l’aide extérieure n’arrive que rarement. Ella a pour but d’aider dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la jeunesse, de l’agriculture, des activités génératrices de revenus, de la lutte contre l’exode et le désir d’émigration.

©Kafo’saze, intervention au collège Kafoutine, Sénégal

©Kafo’saze, intervention collège, Sénégal

Sophie Grieux – Kafo’Saze

Si j'ai souhaité suivre ce cycle de formation, c'est que lorsque je suis rentrée de ma dernière mission, je souhaitais trouver des financements pour ce projet que nous développons depuis fin 2021.

J'ai reçu un mail d'Occitanie Coopération pour l'inscription à un webinaire sur la méthodologie de projet de solidarité internationale. 10 jours après je faisais partie du réseau et j'ai continué à suivre toutes les étapes.

Je ne connaissais absolument rien à la manière de réaliser un projet, les étapes diagnostiques avaient été franchies avec nos partenaires, à leur manière, et nous avions avancé sur la réalisation de prototypes, les tests, mais je ne savais absolument pas ce qu'était la méthodologie de projet.

La première session m'a un peu effrayée, j'avais l'impression qu'on me parlait dans une langue étrangère. Je n'étais vraiment pas familiarisée avec les termes utilisés et le langage type. La première session en présentiel m'a permis de constater que les apprenants étaient pour certains très familiarisés avec la démarche de méthodologie mais que d'autres étaient novices comme moi. Les formateurs sont d'une très grande bienveillance et savent nous mettre à l'aise.

En travaillant après les séances de formation, en essayant de mettre en pratique (avec plus ou moins de régularité parce que de tout l'été, je l'avoue, je n'ai rien fait !), petit à petit, j'ai intégré la démarche et compris ce qu'on attendait de moi. La disponibilité, l'écoute de nos partenaires au Sénégal et des membres de la commission santé de l'association m'ont boostées.

Hogo Boiro – LAAVOL

Les problématiques de santé et les besoins en accès aux soins des populations paysannes de mon village d’origine répondent exactement aux critères des appels à projets des CSI. 

Étant un des rares ressortissants à avoir connaissance des offres régulièrement publiées, je me suis fixé un devoir absolu de faire quelque chose pour faire rencontrer ces offres et demandes.

Au départ, j’ai perdu beaucoup de temps, car je pensais qu’il suffisait de présenter des demandes d’aide. Et par ailleurs, ayant été en 1997 le premier expert-comptable de la Fondation du Patrimoine créée par Jacques Chirac, je croyais que mes connaissances des arcanes comptables des Fondations d’utilité publique, ainsi que des principes des comptes prévisionnels me suffiraient pour répondre facilement aux appels à projets. J’ai fini par comprendre que j’étais loin des réalités, et donc la nécessité de me former. J’avais réalisé que je ne savais pas bien construire la réponse aux appels à projets selon un cadre complet et logique, en justifiant de bout en bout l’adéquation des besoins aux critères énoncés.

Mes attentes concernaient le renforcement de mes connaissances et l’apprentissage concret de la méthodologie de soumissionnement. 

Sophie Grieux – Kafo’Saze

Les modules sont complémentaires et indispensables pour comprendre réellement la méthodologie, on ne peut pas se contenter de lire un fascicule. Faire des exercices concrets et entendre de la bouche du formateur certaines explications ont été pour moi indispensables.

Il est important de souligner, que parmi les personnes qui ont suivi les formations, s'est instauré un dialogue particulièrement intéressant, nous avons échangé des tuyaux, des adresses et numéros de téléphone et nous nous sommes entraidés. C'est quelque chose que j'ai trouvé formidable.

Hogo Boiro – LAAVOL

J’en ai reçu au-delà de mes attentes. J’ai découvert : 

• d’abord, qu’en fait, je n’avais pas compris les enjeux et les contraintes des appels à projets de CSI.
• je n’avais pas intégré les changements d’approche, les contrôles qu’il y a, les étapes nécessaires
• d’autre part, je n’avais pas mesuré la “concurrence” c’est à dire l’importance et variété du nombre de demandeurs

J’ai pris conscience de la complexité du montage des dossiers de candidature. J’en ai retiré plus d’envie de continuer. Je remercie les formateurs et les organisateurs qui ont permis cette réalisation. 

Sophie Grieux – Kafo’Saze

La première chose que j'ai mise en place après ces formations, a été l'information régulière aux membres de la commission santé et aux membres du Conseil d’administration sur l'avancée du projet et les étapes qu'il allait falloir dérouler. J'ai fait de même avec le chargé de projet au Sénégal et me suis lancée dans la rédaction de documents. Je me suis interrogée sur la pertinence du projet, la façon de définir l'objectif principal à travers l'arbre à problèmes et l'arbre à objectifs. 

Hogo Boiro – LAAVOL

• des mises à jour dans mon organisation; formalisation de la présentation de mon association : en-tête, logos, site
• inscription de l’association à l’annuaire régional d’Occitanie Coopération
• visite de la plateforme d'Occitanie Coopération pour prise de connaissance, et découverte de l’importance des sources et ressources. Puis visite d’autres plateformes, tel le que la Guilde, et d’autres bailleurs. 
• Essai de réalisation d’un programme de travail et des feuilles de travail de diagnostic (fiches et questionnaire de diagnostic)
• mise à jour de la comptabilité de l’association, afin d’être prêt. 

Sophie Grieux – Kafo’Saze

Les étapes que j'ai préférées étaient les modules 1 et 2* parce qu'ils me « parlaient vraiment », les exercices pratiques qu'on nous a fait faire sur les différents projets menés par les uns et par les autres stagiaires, étaient concrets et explicites.

*module 1 : Réaliser un diagnostic de projet de solidarité internationale / module 2 : Concevoir et monter un projet de coopération et solidarité internationales 

Hogo Boiro – LAAVOL

Les 5 étapes m’ont intéressé. La plus indispensable me semble être le module 2 – Concevoir et monter un projet de CSI. Elle me semble constituer le cœur de la démarche, les autres étapes contribuent en amont et en aval. Sans cette étape les autres seraient difficiles à mettre en œuvre.

Sophie Grieux – Kafo’Saze

Le module 3 sur le budget est de loin celui que j'ai le moins apprécié mais surtout parce que je suis (« j'étais ») complètement incompétente en la matière n'ayant jamais de ma vie eu à faire ce genre d'exercice. Pour moi ce module a été trop court mais je partais de très loin !

Hogo Boiro – LAAVOL

Je n’ai pas pu suivre intégralement le 3e module en présentiel, mais je pense que le module 5* le complète.

*module 3 : budget / module 5 : Mettre en œuvre une activité génératrice de revenus dans le cadre d’un projet de solidarité internationale

Sophie Grieux – Kafo’Saze

J'ai rencontré des difficultés dans la rédaction du projet au niveau de la viabilité de celui-ci, je n'avais pas vraiment compris ce que ce mot sous-entendait.

Et bien entendu au niveau du budget, ça a été très difficile. Je dois dire que sans l'aide des autres participants, j'aurais eu du mal à m'en sortir seule.

©Kafo’saze, atelier couture, Sénégal

Hogo Boiro – LAAVOL

Je crois que l’absence de projet précis formalisé pendant la formation a été un de mes points faibles, cela a peut-être atténué le plein profit de cette formation.

Idées pour améliorations

• Avant l’étude du cycle de projet, il pourrait être intéressant de rappeler et bien expliquer les raisons pour lesquelles la plupart des aides ne se font que par appels à projets. 
• Pour la détermination des besoins de financement, clarifier si et comment on peut intégrer les valorisations ou non dans les demandes.
• Pour certains modules, il peut être utile de distribuer en début de séance le plan ou canevas général qui est suivi dans la journée, en plus de sa visualisation en début de matinée.
• Mieux informer ou expliquer les conditions et processus pour les accompagnements individuels, et comment les situer dans le cycle de formation.
• Maintenir la petite séance préalable de diagnostic pour chaque participant concernant son projet, les écueils et ses attentes (ce qui a été fait)
• Peut-être imaginer une séance de synthèse rappelant comment articuler toutes les étapes lors du montage et de l’écriture de la réponse à l’AAP.

Hogo Boiro – LAAVOL

Que ce soit par la diversité des profils des animateurs, celle des participants et la richesse des contenus, ces sessions de formation sont un lieu incroyable pour également découvrir ce qui se passe dans la région, faire des rencontres que l’on n'aurait peut-être jamais cru faire dans le milieu de la CSI et des personnes atypiques dans leurs parcours et leurs engagements. Pour moi les apports sont multiples : des informations importantes, des contacts, des compétences nouvelles, un encouragement pour continuer. En effet on peut vite se décourager lorsqu’on fait face aux critères et procédures des bailleurs et OSI. Je pense pouvoir mieux cibler les appels à projets auxquels je pourrais candidater. Je pense pouvoir aller plus vite. Donc un Grand MERCI à toute l’équipe ! 

Sophie Grieux – Kafo’Saze

Heureusement, l'accompagnement personnalisé proposé par Occitanie Coopération est un plus. Personnellement j'ai eu des scrupules à déranger l'équipe quand je rencontrai des difficultés, peut être aurai-je dû ? L'accompagnement est très bien, il y a beaucoup de bienveillance et un petit mot gentil quand on croule sous les doutes fait vraiment chaud au cœur.

Hogo Boiro – LAAVOL

J’ai été particulièrement sensible – et je crois que ça a été un déclic – à la disponibilité de la personne qui m’a accueilli en Rdv téléphonique pour l’inscription de mon association. Le fait de m’avoir consacré plus d’une heure d’écoute en Rdv à l’issu duquel elle m’a montré qu’elle a compris ma situation spécifique et a su immédiatement me donner les premiers conseils. Par exemple, de ne pas rester seul, etc. Occitanie Coopération encourage et rassemble les initiatives de CSI dans la Région.

Sophie Grieux – Kafo’Saze

Je vais poursuivre la ligne de conduite que nous avons développée avec l'association Kafo'Saze. Nous avons candidaté à un appel à projet. Je me rendrai en mission au mois de mars, où, avec nos partenaires, nous continuerons à travailler que notre projet soit retenu ou non.

Si je dois répondre à un nouvel appel à projet dans les mois qui viennent, ce sera plus facile maintenant que j'en connais la méthodologie et la logique recherchée. 

Cette formation a, au-delà des apports techniques, été une réelle aventure humaine qui m'a permis de nouer de très bons contacts et de me conforter dans l'idée que les personnes qui se lancent dans des aventures « humanitaires » ont la même éthique et empathie pour l'autre.

Hogo Boiro – LAAVOL

Nous sommes en phase de diagnostic pour concevoir un projet pour mon village afin de répondre à l’Appel à projets 2024 de la Fondation Pierre Fabre et La Guilde.  

©Kafo’saze, action de sensibilisation, Sénégal

Sophie Grieux – Kafo’Saze

Si j'ai un conseil à donner à ceux qui vont essayer de porter un projet de solidarité internationale, c'est de ne pas vouloir aller trop vite, comme je l'ai fait. Il faut beaucoup de temps pour quelqu'un dont c'est la première fois pour rédiger tous les items, réunir tous les documents demandés, élaborer un budget prévisionnel, convaincre le Conseil d'administration…

Hogo Boiro – LAAVOL

À moins d’être une ONG déjà bien expérimentée, on ne peut plus répondre correctement aux appels à projet sans formation. Suivre l’ensemble des modules, car on a la chance de bénéficier ainsi d’une formation de haut niveau auprès de spécialistes très rares, à un coût vraiment négligeable, gratuit pour les adhérents. C’est un véritable investissement pour le long terme y compris pour des jeunes qui veulent découvrir le secteur de la CSI. Je pense qu’on peut en tirer plus de profit encore si on vient à la formation avec une idée de projet bien précise.