Liban Sport Réfugiés

SPORTIS, en partenariat avec l'ONG libanaise Salam LADC, met en place le projet Liban–Sport–Réfugiés. Ce projet contribue à l'axe Dialogue entre libanais et avec les réfugiés sur lequel agit Salam LADC. Il favorise le dialogue intercommunautaire entre libanais et réfugiés par la mise en œuvre de politiques publiques du sport. Il concerne prioritairement l'enfance et la jeunesse (6-16 ans), et à la fois les filles et les garçons.

Le projet s’implante au sein de 4 municipalités libanaises situées dans la plaine du Bekaa frontalière avec la Syrie : Merj, Bar Elias, Jub Jannine et Qaraoun.

Ce projet est en attente de financement pour une potentielle suite en 2022 et 2023.

Contexte

Le Liban accueille officiellement 1,1 millions de réfugiés syriens (le nombre de 1,5 millions circule régulièrement portant le total d'habitants à 5,9 millions). Ils se trouvent prioritairement dans la région de la Bekaa, à l'ouest, la plus étendue des 6 régions administratives du pays. 60% environ seraient en situation irrégulière (source Caritas).

Localement, le sport semble le parent pauvre de l'éducation nationale qui a d'autres priorités, notamment en terme d'accueil des réfugiés. La vie associative paraît amorphe avec à nouveau une exception pour le football, exclusivement masculin. Le sport serait sous perfusion des projets ponctuels venus de l'extérieur. Des installations existent, fruits de projets financés par des ONG, mais leur usage régulier reste à démontrer. La privatisation des espaces sportifs est un phénomène majeur. On paie « à l'heure » pour jouer sa partie, souvent de football.

Partenaires locaux

Salam LADC est une ONG libanaise de taille moyenne, née en 2009. Elle est dirigée par Joseph Mata et a son siège à Beyrouth. Elle agit sur de nombreux programmes, notamment liés à l'environnement (reforestation) et aux soins (comités de premiers secours). Elle agit prioritairement avec les municipalités, de toutes confessions, en cherchant à créer des comités municipaux en charge du suivi du programme. Elle fonctionne régulièrement avec des ONG internationales qui apportent les fonds nécessaires. Salam a actuellement un projet de bus itinérant intégrant une offre culturelle (lecture, spectacles, etc.). L'ONG est très dynamique au regard de ses moyens humains et a une capacité à réagir rapidement.

Objectifs du projet

L’objectif général du projet est de contribuer au dialogue intercommunautaire entre libanais et réfugiés par des activités d’éducation par le sport.

Plus spécifiquement, le projet vise à renforcer les capacités des acteurs publics locaux à mettre en œuvre et à pérenniser des activités sportives pour les enfants et les jeunes libanais et les réfugiés sur leur territoire. 

Activités

> LES ACTIONS AU LIBAN

Des cycles de football à Querouen
En alternance sur deux sites, un stade public et un terrain couvert privé, se sont tenus plusieurs cycles proposant au total 150 séances de 1h30 en moyenne par groupe pour des enfants de 7 à 15 ans, filles et garçons (groupes non mixte). Au sein de chaque séance, une sensibilisation aux règles et au comportement à adopter pour des jeux collectifs étaient proposée. Des éducateurs sportifs vacataires associés à des volontaires
bénévoles. Au total, ce sont plus de 300 enfants touchés, pour moitié des familles de réfugiés. Le club de Al Nahda a permis de récupérer du matériel pour les enfants et du matériel pédagogique pour l'animation sur ce site.

Des cycles de basketball à El Mar

Le basket a été mis en place afin de soutenir plus particulièrement l'engagement des filles dans le programme. Un partenariat pour l'animation a été mis en place avec une antenne des scouts. Des réfugiés palestiniens ont été intégrés dans les groupes. Plusieurs groupes hebdomadaires, majoritairement des 11-13 ans, ont bénéficié de plusieurs cycles pour un total de 80 séances environ touchant une centaine d'enfants. La répartition des garçons et des filles est quasi égale et certaines séances ont été pratiquées avec un groupe mixte. Le stade de basketball étant implanté en centre ville, de nombreux parents ont pu assister aux séances.

> LES ACTIONS EN FRANCE

Le projet Liban-SPORT-Réfugiés a été régulièrement mis en avant par SPORTIS dans son axe d'Education à la Citoyenneté et à la Solidarité (ECSI), souvent envers les jeunes, dans le cadre scolaire ou dans des structures d'animation. Ces actions ont été mise en place via trois réseaux régionaux : Occitanie Coopération, le CROSI et le CIDES-RITIMO.

Résultats

Le programme a permis la mobilisation en proportion quasi égale de garçons et de filles et de libanais et réfugiés. Ceci constituait un objectif majeur du programme. Dans un contexte où les libanais participent de moins en moins aux actions avec les réfugiés syriens, un programme de sport permet de maintenir ce lien. Des cycles se sont tenus durant l'hiver alors que le programme prévisionnel ne le prévoyait pas. En appui sur une structure couverte (payante), une offre complémentaire a ainsi permis une continuité quasi permanente des actions.

Proposer un accès pour toutes et tous est un autre objectif réalisé. L'accès régulier aux activités sportives ou culturelles encadrées est très restreint sur le territoire, notamment pour les réfugiés. Le programme s'est appuyé en parties sur des animateurs vacataires en charge de la continuité pédagogique. Six éducateurs sont régulièrement intervenus, dont trois jeunes femmes, ce qui a favorisé la participation des filles. Intégrer trois éducatrices dans l'équipe d'encadrement est possible grâce à la reconnaissance locale du travail de SALAM LADC et par la bonne compréhension des partenaires et des parents de l'objectif de l'égal accès des filles et des garçons aux activités. Les municipalités ont facilité l'accès à des installations publiques et la mise à disposition ponctuelle de moyens de transport. Les infrastructures sportives sont peu diversifiées et d'un accès souvent difficile pour les populations vulnérables. Souvent privées, elles sont payantes et les jeunes réfugiés ne peuvent que difficilement y accéder en dehors d'un programme comme celui-ci.

Chaque séance de sport est ouverte et conclue par un temps d'échange avec les enfants et les jeunes bénéficiaires. Il permet notamment à l'équipe d'encadrement, bénévoles et vacataires, de récolter des impressions individuelles mais aussi de mieux cerner la dynamique collective déjà observée durant les jeux collectifs. Le principal point relevé par la coordination de SALAM LADC est l'amélioration du dialogue entre réfugiés et libanais. Chacun bénéficie d'un programme commun et peut exprimer le plaisir d'y trouver sa place. Ce sentiment est également exprimé par les filles qui pratiquent des sports collectifs habituellement proposés aux garçons et auxquelles elles ne pourraient accéder hors d'un programme structuré (les pratiques “libres” sont essentiellement masculines).